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Monsieur de Sainte Colombe : du jansénisme à la viole

Popularisé par Jordi Savall à l’occasion de la sortie du film « Tous les Matins du monde », Jean de Sainte-Colombe reste un musicien très méconnu mais au génie réel.

Jean de Sainte-Colombe, dit Monsieur de Sainte-Colombe naît aux environ de 1640. Il serait originaire du Sud de la France, sans que d’autres détails ne nous soient parvenus. Compositeur de certaines des pièces les plus fameuses du répertoire classique baroque, ses œuvres sont restées dans les mémoires des adeptes d’une musique souvent sombre, austère, qui s’expliquerait en partie par son appartenance à Port-Royal-des-Champs et au jansénisme. Un fils lui est connu : Jean de Sainte-Colombe, lui aussi compositeur et violiste.

Une vie méconnue

Sur son enfance, sur son nom, les doutes persistent : certaines sources le nomment Jean, d’autres Augustin d’Autrecourt, sieur de Sainte-Colombe. On sait cependant que dès ses jeunes années, il eut comme maître de musique et professeur un théorbiste-violiste appelé Nicolas Hotman.

Ce que l’on sait de lui vient surtout de ses élèves dont le plus célèbre reste Marin Marais. Il enseigna également à Jean Desfontaines ou Jean Rousseau l’art délicat de la viole. Monsieur de Sainte-Colombe savait à l’évidence exploiter à la perfection la viole qu’il améliora en lui ajoutant une septième corde.

Près de 200 morceaux de viole, dessus de viole et basse de viole, composent son répertoire. Il écrivit également 67 pièces pour double violes égales. Cependant, le jansénisme et la religion le menèrent à une vie particulièrement austère l’éloignant de la vie des grands du monde et de la Cour à laquelle jamais il n’appartint. Il se contentait, apparemment, de concerts donnés chez lui.

Tous les Matins du Monde

L’ajout de la septième corde, son austérité, la cabane de planche dans laquelle il se retirait pour composer et jouer, isolé, solitaire, sont autant de faits repris par Alain Corneau dans son film « Tous les Matins du Monde ». On y voit également ses deux filles à qui il donnait des leçons de viole ou avec qui il jouait et Marin Marais qui passait sous la cabane pour écouter le maître de viole composer.

Les concertos

L’ensemble de ses concertos pour deux violes égales ont été redécouvert en 1966 dans les papiers de familles par Alfred Cortot. Ce sont les interprétations de Jérôme Hantaï mais surtout celles de Jordi Savall qui permirent de redécouvrir ces pièces magnifiques de l’époque baroque.

Elles permettent de constater la difficulté des pièces composées, mais aussi la virtuosité de ce compositeur rare passé à la postérité au bénéfice d’un film à l’esthétique grandiose et tout aussi austère que la vie de celui qu’il met en scène.

Monsieur de Sainte-Colombe reste un musicien à découvrir, plein de finesse et d’émotions profondément intenses. La profondeur de sa basse de viole fait vivre un XVIIe siècle finissant avec lui, puisqu’on suppose qu’il meurt en 1700.

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