Connexion/Inscription ?
 
Partager avec:

Joan Carol Oates, ou comment l’écriture peut constituer une drogue

L’écrivaine américaine, qui enseigne également la littérature et l’écriture a fait parler d’elle grâce à sa dernière publication, le roman Sexy.

 

Très prolifique, cette auteure a une liste interminable de romans à son actif, soit plus d’une centaine. Elle écrit comme elle respire et s’en enchante, notamment dans ses sortes de mémoires, appelées Journal 1973-1982. Ecrire c’est sa raison d’être, et dans chacun de ses livres (toujours très bavards et épais), cela se respire. Depuis les années 60 et 70, elle oscille entre nouvelles, romans, essais, pièces de théâtre, tout la nourrit, la satisfait, rien ne la fatigue. Elle ne se lasse jamais de poser des mots et de s’inventer des histoires, c’est son bonheur le plus simple, elle en use et use encore. C’est pourtant une image austère, pessimiste et craintive qu’on lui prête dans les médias, bien qu’on lui accorde également la justesse sans égal de son ton. Ses inspirations sont nombreuses, des sœurs Brontosaure à Dostoïevski.

 

Parmi son large palmarès, faisons une sélection aléatoire des livres les plus marquants et les plus singuliers. On retrouve Blonde, un roman portant sur Marilyn Monroe, dont elle a sciemment réinterprété l’histoire selon des morceaux biographiques qu’elle a piochés ça et là. Johnny Blues se situe dans les années 60, et suit l’histoire de la famille Heart. La fascination autour de Johnny, le fils, mêlé à une histoire de meurtre, dont le nom, même 30 ans après les faits, est encore sur toutes les lèvres de Willowsville. Elle parodie ici les USA, à la fois absurdes et aimants, toujours cruellement à la recherche d’un héros. On voit donc que Joan Carol Oates sait traiter des sujets graves. Par exemple, Viol, une histoire d’amour, relate la relation entre une mère et sa fille suite à un viol collectif, où la victime n’obtient pas gain de cause lors du jugement des faits, ses mœurs étant jugées trop légères. Dans Hudson River, elle traite un sujet un peu plus léger, sous une certaine ironie. Elle imagine l’histoire d’une ville idyllique, Salthill-sur-Hudson, qui coule des jours heureux jusqu’à la mort du sculpteur. Les langues se délient et les masques tombent, pour notre plus grand plaisir.

 

Enfin, Sexy, son dernier opus, qui a fait polémique, grâce auquel Joan Carol Oates renouvelle encore son genre. Elle retrace la quête identitaire d’un jeune garçon, qui se voit adulé de tout le monde, et autour de qui tournent des soupçons de liaison avec son professeur de gym. Une sorte de Johnny plus actuel en somme. Elle tourne le dos aux clichés de l’adolescent replié sur lui-même et seul au monde en montrant totalement l’inverse. Comment l’amour et l’adoration qu’on nous porte peuvent-ils être nocifs ?

 

A lire d’urgence pour découvrir une auteure aux sujets graves, qui ne tourne le dos ni à l’amour ni à la gaîté, qui a su se sortir de son village et de son existence morne (un père absent et une sœur autiste) grâce à son amour pour l’écriture.

Partager avec:

Ajouter un commentaire

×