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L’école de Barcelone, la Nouvelle Vague espagnole

L’art est une forme de contestation politique comme une autre. C’est encore plus vrai si l’on se réfère au contexte dans lequel a emmergé l’Ecole de Barcelone, celui du franquisme et de la toute puissance de la culture castillane sur une Espagne qui n’en demeure pas moins multi-culturelle.

 

Un cinema en marge du centralisme madrilène

 

Sous les régimes autoritaires, toute digression par rapport à l’esthétique de l’art officiel est perçue comme une forme de contestation politique. Ça a été vrai sous le IIIème Reich avec l’opposition entre art dégénéré et art héroïque, ça l’est aussi en Espagne au milieu des années 60, avec l’opposition entre Ecole de Barcelone et Nouveau cinema espagnol, un courant profondément castillan et jouant la carte du réalisme social.

A la tête de ce mouvement, des catalans et intellectuels de gauche, profondément anti-franquistes sans être forcèment catalanistes tels que Carlos Duran, Jacinto Esteva, Vicente Aranda ou encore Joaquin Jorda. Ces jeunes réalisateurs rompent avec le discours centraliste qui exalte les vertus de la culture castillane comme étant la base de la culture espagnole. La plus belle démonstration de cette rupture on la doit à Jacinto Esteva avec le film Lejos de los arboles. A travers un voyage au cœur de l’Espagne, le metteur en scène prend le réalisme social – le courant officiel – à contrepied et décrit la réalité d’un pays superstitieux, violent et archaïque. Cette contestation va se répercuter sur le style et l’esthétique des films de la Nouvelle Vague espagnole.

 

L’influence de la Nouvelle Vague française

 

L’Ecole de Barcelone réunit des artistes d’horizons différents – beaucoup viennent de la peinture ou de l’architecture – ce qui explique le fait que leurs films soient de véritables réquisitoires pour un boulversement esthétique dans le cinema que les espagnols ont l’habitude de voir. Des films comme Dante no es unicamente severo ou Fata Morgana jouent sur la structure même du récit, qui sera fortement influencée par le surréalisme. Le but absolu n’est pas de raconter une histoire, mais de proposer une alternative aux canons du cinéma traditionnel. C’est une forme de contestation qui n’est pas directement politique, mais qui le devient à travers une refléxion poussée sur l’esthétique des films en général.

En se référant au cinema français des Truffaut et Godard, l’Ecole de Barcelone s’inscrit dans la digression la plus totale et fait de ses œuvres des objets profondément poètiques et intellectuels à la fois. Le film de Carlos Duran – Cada vez que … – est un hommage direct à la culture française des sixties et à Brigitte Bardot évidemment. Tout au long du film, les noms des personnages des films de Godart seront prononcés, créant ainsi pour le spectateur français une atmosphère relativmement familière et soulignant forcèment la volonté de certains intellectuels de s’épanouir en dehors de la chape de plomb du régime franquiste en prenant ouvertement des références étrangères.

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