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Artaud & le Théâtre de la Cruauté

Cette expression créée par Antonin Artaud en 1935 désigne une forme d’art dramatique total. Il y travailla une grande partie de sa vie, notamment dans Le Théâtre et son double.Dans cette œuvre majeure qui lui permet de mettre en avant ses théories sur le théâtre, via l’évolution d’un acteur comparée à la maturation d’un grain de blé mis en parallèle avec le théâtre balinais, mais aussi via ce théâtre de la cruauté, Artaud amène à repenser intégralement la conception de la dramaturgie dans la première moitié du XXe siècle.

Cette expression, essentiellement « cruauté » désigne la souffrance de l’existence, de fait, celle qui est liée au jeu de l’acteur. Un acteur doit, sur scène se consumer, « brûler les planche ». Un acteur n’est pas qu’un homme sur scène jouant un texte : il doit se rapprocher de la conception sacrée que l’on avait du théâtre dans les civilisations parfois plus primitives et donc retrouver la portée sacrée de son art. L’acteur doit devenir martyr dans les bras d’un texte bourreau.

 

Ce n’est qu’à cette condition que se fera l’échange entre l’acteur sacrifié et les transes des spectateurs.

 

Origines de la théorie

 

 

Le Théâtre et son Double s’inscrit dans un mouvement d’évolution globale des arts après la Première Guerre Mondiale. Le fauvisme, le cubisme, le surréalisme et le dadaïsme apparaissent alors. L’extrême violence à laquelle les artistes se sont confrontés les a détruits profondément.

Il leur fallait alors repenser l’homme de façon globale et non simplement le laisser être barbare. L’homme doit redevenir total, humain, physique, spirituel, sacré, profane, etc., tout à la fois.

 

Quand il devient créateur, artiste, acteur, il doit vivre lui-même mais également vivre au centre de ses œuvres pour plonger dans un autre monde sauvage et y recréer tout ce qu’il n’est plus.

 

 

La cruauté, c’est vivre

 

 

Pour Antonin Artaud, il ne peut y avoir de vie qui ne s’exprime sans cette cruauté. L’influence de la douleur avec laquelle il vivait constamment suite à des maux de tête permanents se ressent nettement, logiquement, dans l’ensemble de ses créations.

 

Par cruauté, il ne faut pas comprendre « souffrances infligées » ou « plaisir sadique ». Cruauté vient du mot latin Cruor désignant le sang qui coule dans les veines ou d’une blessure.

 

Il apparaît alors qu’Artaud veut que chaque instant vécu le soit pleinement par chaque mm² du corps où ce sang circule, sans limite. Le Théâtre de la Cruauté revient alors à dire que la cruauté, c’est la vie. Chaque personne, en effet, dispose d’un monde intérieur, d’un imaginaire, qu’il lui faut projeter sur scène pour devenir vraiment acteur. L’acteur doit sentir sa souffrance, son corps, se battre, il doit donner sa souffrance à la scène, aux spectateurs et mûrir vers toujours plus de liberté de l’être.

 

Cette théorie renvoie à l’évidence aux pièces d’Antonin Artaud, à ce théâtre total qu’il faisait jouer à ses acteurs, voire parfois aux spectateurs. Et Artaud doit, pour cette simple raison, être redécouvert.

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