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Faut il croire au miracle des alicaments ?

Entre nutrition et santé, se développe depuis quelques années l’appellation « aliment fonctionnel » : un aliment qui agirait positivement, d’une manière ou d’une autre, sur notre organisme, et qui pourrait même prévenir voir soigner certaines maladies.

Il existerait ainsi des alicaments naturels et d’autres industriels : qui sont-ils et faut-il croire tout ce que l’on raconte sur eux ? On fait le point sur le phénomène. Alicament : ce néologisme assez récent fait, comme son nom l’indique, le lien entre alimentation et médicamentation. Or, il faut bien comprendre que l’idée de se nourrir pour se soigner est une idée qui ne date pas d’hier. Il est en effet communément acquis que l’alimentation a des effets directs sur l’état de santé d’une personne : qu’ils soit négatifs ou positifs.

Bien avant l’invention de la nutrition, les hommes ont donc prêté à la nourriture, des vertus magiques ou thérapeutiques. C’est dans cette optique que l’on concède à certains aliments des propriétés particulières, pour le traitement ou la prévention de troubles légers. Ainsi, pour renforcer le système immunitaire en hiver, on recommande la consommation d’aliments riches en vitamine C (kiwi, agrumes) et en magnésium (légumes secs, céréales complètes, fruits oléagineux).

Parmi les alicaments naturels qui font le plus parler d’eux on trouve l’ail cru, le miel, le jus de canneberge ainsi que certaines épices comme le piment. Il n’est donc pas question ici d’aliments aux vertus miraculeuses ; mais ils peuvent être bénéfiques dans une certaine mesure, et surtout dans le cadre d’une alimentation équilibrée.

Qu’en est-il des alicaments industriels qui florissent sur le marché ? À en croire les adeptes et les grands groupes industriels, ces alicaments sont un petit miracle dans notre quotidien alimentaire. Impossible que vous n’en ayez jamais entendu parler : huiles enrichies en Oméga 3, yaourts au bifidus actif, jus de fruits multivitaminés, céréales aux fibres de betterave, barres vitaminées ou encore lait enrichi en fer et en calcium… ces produits magiques se déclinent inlassablement et sont les nouvelles stars des rayons de supermarchés.

Le marché des alicaments augmente de 20% par an et fait le nouveau profit des grandes marques alimentaires comme Danone (Actimel et Activia, les deux produits phares du groupe, représentent à eux seuls un quart du chiffre d’affaire du géant des produits laitiers).
Alors : Véritable progrès ou arguments de vente sans fondement ? Tout d’abord prendre conscience que les alicaments, bien que sujets à des études scientifiques que l’on peut qualifier de sérieuses, échappent à tout contrôle que subit un médicament avant et après sa mise sur le marché.

L’utilité de consommer des aliments artificiellement enrichis en nutriments, reste en fait encore à prouver. Une alimentation diversifiée couvre en effet sans problème les apports journaliers recommandés. L’intérêt d’une augmentation artificielle de ces apports est donc relatif, et peut même s’avérer dangereuse chez certains individus. En fait, la plupart des gens n’ont pas vraiment besoin d’alicaments. Il vaut mieux réserver ces aliments enrichis aux sportifs de haut niveau, aux femmes enceintes ou aux diabétiques. Bref un public ciblé, aux besoins spécifiques, et suivi médicalement.

Attention : l’achat d’alicaments en magasin ne remplace donc pas une bonne hygiène de vie et une visite mensuelle chez le médecin ! C’est d’ailleurs pour éviter tout débordement  (aussi bien du coté des consommateurs que des producteurs) que s’est créée en décembre 2006, l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments, l’EFSA, qui vérifie que les messages commerciaux se fondent sur des études scientifiques. Ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis ou au Japon, où les chewing-gums contre le rhume côtoient des boissons “empêchant le cancer”…

Ce qu’il faut retenir : on ne se nourrit pas pour se soigner ! Exit la longue tradition qui prête des vertus thérapeutiques à certains aliments et la nouvelle mode des alicaments de l’industrie agro-alimentaire ! La complexité de la nutrition, ainsi que les dimensions culturelles et affectives de l’alimentation, interdisent d’assimiler nos repas à la seule ingestion de nutriments dosés au milligramme. Pas de miracle des alicaments donc.

Et tous les nutritionnistes vous le répéterons : en termes de bonne santé rien ne remplace une alimentation variée et équilibrée !

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