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Kitano : « gosse de peintre »

Décidément, il est partout. Dans nos salles obscures bien sûr, derrière et devant la caméra, au Centre Pompidou, et du coup sur nos petits écrans, dans nos journaux, Takeshi Kitano a trouvé le moyen de se glisser à merveille dans nos quotidiens parisiens. Et finalement on ne peut que s’en féliciter !

 

La rétrospective qui lui a été consacré au Centre Pompidou était très bien faite, et son film Achille et la Tortue est un petit bijou ; mais c’est à la Fondation Cartier que Kitano se découvre encore le mieux ; dans son habit de Gosse de peintre dans l’exposition homonyme, il est drôle, fin, léger et (im)pertinent. L’exposition était à son image, sans prétention, pleine d’imperfections assumées, très plaisante. Retour sur cette exposition qui a été un véritable succès.

Avant même d’entrer, l’immense silhouette d’un tyrannosaure Rex guette le visiteur de son regard imbécile, à travers les vitres de la Fondation Cartier ; le ton est donné. Au rez-de-chaussée, on apprend quantité de choses inutiles et ludiques, on fait tourner le vent breton, on prend la route du Big Bang avec un écrou qui sautille éternellement, on regarde inlassablement, comme hypnotisé, un énorme pied enclencher une toute petite singer qui coud en rond, et si l’on n’y prenait garde, on pourrait même, à la limite, être amené, tout grand amateur d’Art et garçon de 8 ans confondus, à se demander comment pouvaient bien faire les tyrannosaures pour se brosser les dents, ou s’essuyer le derrière.

Au sous-sol, c’est une part plus personnelle de Kitano qui s’exprime. On y retrouve les magnifiques vases/animaux qui furent un jour le décor de ses films, et puis ces hybrides mammifères poissons, pendus par un invisible fil de pêche, pleins d’un imaginaire qui suspend le temps.

Beat Takeshi Kitano gosse de Peintre, c’est une parole qui s’adresse d’abord aux enfants sans en exclure les grands. La moyenne d’âge des visiteurs atteint péniblement les 7 ans, dans un écart type de 16 mois à 70 ans. Parce que les œuvres qui s’y donnent à voir ressortent d’un clin d’œil tout personnel de l’artiste à sa propre enfance, à son père peintre… en bâtiment ! L’ironie avec laquelle Kitano questionne le monde de l’Art, avec cette « machine à peindre des dinosaures » à l’usage des visiteurs au sous-sol notamment, a la saveur d’une petite vengeance de la part de l’artiste qui porte l’héritage d’un « faux peintre ».

C’est à la sortie qu’on le voit. Tel Hitchcock, Kitano est presque toujours quelque part, caché dans ses œuvres. Et c’est en sortant qu’on le retrouve sur son trente-et-un, tout sourire, il nous offre de sa main aussi ouverte que sa boîte crânienne, son cerveau. Une mise en scène de l’auto dérision avec laquelle il regarde son statut d’artiste ?

Mais nul besoin de savoir la biographie de l’artiste pour faire le tour de ses œuvres avec grand plaisir ; la visite a comme une saveur de promenade dominicale. Pas de prise de tête, que du bonheur.

Le sous-sol de la Fondation Cartier expose aussi ses toiles. Kitano les dit souvent trop colorées, trop « naïves », et personne ne lui donne tort, mais tout le monde se dit « Et Alors ? Oui, c’est criard, bien sûr c’est naïf, mais quelle importance, l’art n’a pas besoin d’être sombre et intellectuel pour être de l’Art. » Et c’est le pari qu’il a fait avec cette exposition en forme de Kaléïdoscope préhistorico-poétique qui se visite dès le berceau, et qui ravie tout un ensemble de parents intellos et d’enfants d’âge ou de cœur, de 2 à 77 ans.

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