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Mammuth

Mammuth est le quatrième film de la très créative bande de Groland   ( Gustave Kervern et Benoit Delépine). Ce film à petit budget (2 millions d’euros) a séduit la critique et fait un bon démarrage au box office.

 Serge Pilardose (Gérard Depardieu) a 60 ans. Après dix années de bons et loyaux services chez un grossiste en charcuterie, il est temps pour lui de prendre sa retraite bien méritée. Il travaille  depuis  l’âge de 16 ans et n’a jamais manqué un jour de travail.

                                                                                             

Après une première journée d’inactivité totalement anarchique (il se révèle piètre bricoleur, et dangereux pilote de chariot au supermarché), il contacte sa caisse de retraite pour connaître ses droits. Ayant cumulé les petits boulots, son interlocuteur lui indique qu’il doit retrouver ses anciennes fiches de paie pour faire valoir tous ces droits à la retraite.

 

Poussé par sa compagne Catherine (Yolande Moreau, impériale), il part à la recherche de ses anciens employeurs. Enfourchant sa vieille moto, une Münch Mammuth de 1972, il part cheveux au vent sur la route de sa jeunesse.

 

Forcément, comme tout bon road movie, sa quête semble désespérée. On oublie d’ailleurs vite sa mission initiale, celle de retrouver ses bulletins de salaires, le film se décadrant sur les improbables rencontres de Serge. Sur sa route se hissent un horripilant chercheur de métaux (Benoît Poelvoorde), une fausse handicapée mais véritable arnaqueuse (Anna Mouglalis), une nièce aussi attendrissante que dérangée (remarquable Miss Ming, actrice poétesse autiste), sans oublier, le fantôme de son premier amour défunt (Isabelle Adjani, méconnaissable en Dame Blanche défigurée).

 

Alors qu’il est seul face à lui-même, loin de sa compagne pragmatique « gestionnaire » de son quotidien, ces situations et ces personnages, farfelus et incongrus, vont redonner un sens à sa vie. Exit donc l’horizon d’une retraite ennuyeuse (on se remémore alors cette scène du début du film où enfermé dans son salon, il tourne inlassablement autour de la table comme un lion en cage).

 

Quand au même moment sort Camping 2, un autre film sur cette France moyenne, voire « France d’en bas », on ne peut s’empêcher de comparer les deux, tant les univers proposés et les sujets traités sont  radicalement opposés. D’un côté, un film au succès annoncé, aux gags calibrés pour faire rire un public acquis à la cause. De l’autre, un film poétique, dans le fond et dans la forme, des dialogues et un jeu subtils (dont le titre n’augurait pourtant rien)  aux  images à gros grain, tournées en caméra super 8.

 

C’est avec une joie non dissimulée que l’on retrouve un Gérard Depardieu magistral, au jeu presque inédit, fort et doux à la fois. Un film drôlement bouleversant, engagé, déjanté, et généreux, à voir de toute urgence.

 

 

 

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