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Chaos et confusion à Altamont, le dernier concert sixties des Stones

A la fin des années 60 les Rolling Stones ne sont plus des rock stars, mais des prêtres en perdition capables de capter l’attention de millions de fidèles. Le 6 décembre 1969, ils organisent à Altamont l’ultime festival, celui qui mettra définitivement fin au rêve sixties de toute une génération.

 

 

Le fantasme hippie

 

Peace and love et groovie sont les mots les plus répandus dans les rues de San Francisco dans cette deuxième moitié de la décennie sixties. Des milliers de gamins sont venus vivre ici l’expérience hippie, celle qui changera le monde, mettra fin à l’horrible violence de la guerre et fera triompher l’Amour. Les portes de la perception décrites par le poète britannique William Blake et popularisées par Aldous Huxley et, bien évidemment, les Doors seront le prétexte à l’expérimentation de drogues aux vertus psychotropes.

 

Le fantasme hippie et psychédélique de ces années là est tenace et les festivals du Summer of Love en 1967 et de Woodstock en 1969 en marqueront en quelque sorte l’apogée, trois jours de paix et de musique peut-on lire sur les affiches promouvant ce dernier événement. Les plus grands artistes du moment se retrouvent donc à Monterey et dans la petite ville de l’Etat de New-York, rassemblant des milliers de personnes venues vivre l’expérience psychédélique ultime. Malheureusement, après l’apogée vient la décadence…

 

Psychédélisme, satanisme et Family

 

Les Rolling Stones n’ont jamais véritablement réussi à saisir la portée du mouvement psychédélique. Ils ont essayé en sortant un disque qui n’arrivera pas à la cheville du Sergent Pepper’s des Beatles, Their satanic majesties. Ils reviendront rapidement à ce qu’ils savent faire de mieux : du blues puisant sa force dans le mythe de la vie et de la mort de Robert Johnson, le bluesman qui avait vendu son âme au diable pour savoir jouer de la guitare. Les pierres qui roulent semblent de plus en plus rouler pour Satan.

 

Rapidement le rêve psyché-hippie tourne au cauchemar. La Family commence à tuer, le meurtre le plus célèbre sera celui de Sharon Tate, la femme de Roman Polanski. Le leader de cette famille hippie est Charles Manson qui, dans un délire christique total, se met à tuer pour accomplir des prophéties obscures qu’il a cru entendre dans les textes des Beatles. Des illuminés comme Manson s’approprient le message de paix originel du mouvement hippie pendant que l’Amérique commence petit à petit à se réveiller.

 

Les anges de l’enfer vs Meredith Hunter

 

Le réveil en sursaut aura lieu le 6 décembre 1969 à Altamont, les Stones y organisent un festival pour compenser leur absence quelques mois plus tôt à Woodstock. Bilan : quatre morts dont un jeune noir, Meredith Hunter. Un des Hell’s Angels – le gang de motards alcooliques – assurant la sécurité pendant les prestations des Stones poignardera le jeune homme, qui soi-disant tenait un revolver pointé vers la scène. Des émeutes éclateront dans un public en pleine descente d’acide et personne ne pourra contrôler l’étrange déchaînement de violence qui, il faut le dire, colle mal avec le slogan trois jours de paix et de musique de Woodstock.

 

Que croyait-on ? Qu’une génération entière de junkies allait changer le monde en prenant des drogues de plus en plus fortes, sans réveiller les plus bas instincts de l’être humain ? Il faut relire les chroniques de Joan Didion qui, dès 1967, s’immerge dans les rues de San Francisco, avec tous ces gamins perdus ayant quitté la maison de leurs parents, croyant vivre l’expérience hippie ultime et n’ayant aucune idée de ce que le mot futur peut bien vouloir signifier. D’un autre point de vue on peut aussi dire que les Stones, à force de jouer avec l’image de Satan – donnant ainsi du grain à moudre à tous les tordus montant des églises satanistes un peu partout aux Etats-Unis – ont fini par réveiller la bête dans le public présent à Altamont ce soir-là.

 

Dream is over chantait Lennon.

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