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Tous les Matins du Monde : le baroque sublimé

Entre Marin Marais et Monsieur de Sainte-Colombe, la musique baroque trouve l’expression de sa plus grande pureté. Alain Corneau sublime ici ces deux compositeurs d’exception.

Sorti le 18 décembre 1991, ce monument d’esthétisme d’Alain Corneau regroupe, pour la seconde fois après Cyrano de Bergerac, Anne Brochet et Gérard Depardieu. Ils sont accompagnés de Guillaume Depardieu, de Jean-Pierre Marielle, pour incarner cette période si riche de l’histoire de la musique française.

 

Une Histoire de musique

Ce drame historique permet de découvrir tout en finesse la musique baroque par l’intermédiaire de celui qui l’incarne le mieux : M. de Sainte Colombe. Cet homme austère, farouche, particulièrement sombre, était au XVIIe siècle, l’un des plus grands maîtres de la viole de gambe. Il était aussi le professeur de viole de Marin Marais, prestigieux musicien de Louis XIV.

A la fin de sa vie quasiment monacale le compositeur, Marin Marais, violiste, se rappelle sa jeunesse, son apprentissage auprès de Monsieur de Sainte-Colombe et de ses deux filles, Madeleine et Toinette. Entre rudesse des heures d’apprentissage, des heures passées en religion, volonté de sortir des règles imposées par son maître et découverte de l’amour, de l’amour de l’art, Marin Marais devient l’un des plus grands compositeurs de tous les temps.

Une époque trouble, un film austère

Austère au possible, ce film n’en est pas moins d’une extrême subtilité. Les lumières de Corneau, les détails de mise en scène, les costumes, font penser – lors de certains plans – à des tableaux. Mais « Tous les Matins du Monde » propose une œuvre ambitieuse et un casting particulièrement convaincant. Gérard Depardieu et Jean-Pierre Marielle portent ce long-métrage à bout de bras et d’archet. Même si Guillaume Depardieu n’est pas absolument à sa place, Anne Brochet frôle la perfection dans l’expression sentimentale et affective.

L’atmosphère du film transpose étroitement le roman de Pascal Quignard, puisqu’il a lui-même travaillé à son scénario. Sans doute très proche de la réalité historique de la vie de ces deux compositeurs, « Tous les Matins du Monde » est, de plus, servi par une bande son extraordinaire mettant en valeur chaque plan, chaque lumière.

La musique

La bande son reprend les plus belles pièces de Marin Marais ou de Monsieur de Sainte-Colombe, de François Couperin ou encore Lully. Adaptées, choisies ou créées par Jordi Savall, chaque partition sonne parfaitement juste sous l’archet de ce maître mondial du baroque, de la viole. De la « Marche pour la Cérémonie des Turcs » aux « Leçons de Ténèbres à deux voix », en passant par le « Badinage », la « Rêveuse », les « Folies d’Espagne », les basses profondes des violes baroques illuminent un film sublime. Chaque note prête à rêver de ce siècle austère tout autant que festif de Louis XIV.

 

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